Published on May 15, 2024

Utiliser le Régime d’accession à la propriété (RAP) n’est pas une simple avance de fonds, mais une puissante opération d’ingénierie fiscale qui, bien menée, peut générer des milliers de dollars en liquidités immédiates.

  • La stratégie du « prêt-REER » permet de transformer une cotisation en un gain fiscal net substantiel, même après remboursement du prêt.
  • La synchronisation avec le CELIAPP est cruciale : maximiser le CELIAPP d’abord offre un avantage fiscal sans contrainte de remboursement.

Recommandation : L’arbitrage entre le RAP, l’investissement et le CELIAPP dépend entièrement de votre taux marginal d’imposition actuel et futur. Une analyse précise est la clé du succès.

Pour de nombreux premiers acheteurs au Québec, le dilemme est aussi angoissant que récurrent : faut-il piger dans ses Régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER) pour constituer la mise de fonds via le Régime d’accession à la propriété (RAP), ou est-il plus sage de laisser cet argent fructifier en bourse pour la retraite ? Cette question, en apparence simple, masque une complexité stratégique bien plus profonde. La plupart des conseils s’arrêtent à une comparaison basique entre le coût d’opportunité du rendement perdu et le bénéfice d’accéder plus vite à la propriété.

Les solutions habituelles, comme le RAP ou le plus récent Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP), sont souvent présentées comme des outils interchangeables. On vous explique les plafonds, les conditions de retrait, et la fameuse obligation de remboursement sur 15 ans. Cependant, cette vision en surface omet l’essentiel du potentiel. Elle ne vous dit pas comment transformer ces mécanismes en de véritables leviers de financement, ni comment les articuler pour créer un avantage fiscal optimal.

Mais si la véritable question n’était pas “retirer ou ne pas retirer ?”, mais plutôt “comment orchestrer ce retrait pour en faire un levier financier maximal ?”. L’approche d’un fiscaliste ne se limite pas à utiliser un programme ; elle vise à en exploiter les règles pour générer des liquidités et minimiser l’impôt. Le RAP, lorsqu’il est utilisé stratégiquement, n’est plus un simple retrait, mais une pièce maîtresse d’un plan d’arbitrage fiscal. C’est cette perspective que nous allons explorer.

Cet article va donc au-delà du débat “RAP contre investissement”. Nous allons décortiquer les stratégies avancées, souvent méconnues, qui vous permettent d’utiliser les règles fiscales québécoises et canadiennes à votre avantage. De l’ingénierie du prêt-REER à la synchronisation optimale avec le CELIAPP, vous découvrirez comment prendre des décisions éclairées qui serviront à la fois votre projet immobilier et votre santé financière à long terme.

Pourquoi le non-remboursement annuel du RAP vous coûtera cher en impôts après 2 ans ?

La mécanique du RAP semble simple : vous empruntez à votre REER et vous avez 15 ans pour le rembourser. Cependant, le piège n’est pas dans le remboursement, mais dans le non-remboursement. Contrairement à une croyance populaire, il ne s’agit pas d’une “pénalité”, mais d’une réintégration au revenu imposable. Chaque année, vous devez rembourser au minimum 1/15e du montant retiré. Si vous ne le faites pas, ce montant est ajouté à vos revenus de l’année et devient donc imposable à votre taux marginal.

Prenons un exemple concret : pour un retrait de 60 000 $, le remboursement annuel minimal est de 4 000 $. Si vous omettez ce remboursement, ces 4 000 $ s’ajoutent à votre salaire. Pour une personne ayant un taux marginal d’imposition de 37,12 %, cela représente une facture fiscale supplémentaire de 1 485 $. Sur 15 ans, l’impact peut être considérable. Une analyse du Centre de fiscalité de l’Université de Sherbrooke souligne que le montant annuel minimal à rembourser pour un retrait de 60 000 $ est de 4 000 $.

La stratégie consiste donc à anticiper. Le remboursement ne commence que dans la deuxième année civile suivant le retrait. De plus, une mesure temporaire offre une période de grâce étendue à 5 ans pour les retraits effectués entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2025. Cette fenêtre offre une flexibilité précieuse : elle permet de se concentrer sur les autres dettes (prêt auto, cartes de crédit) pendant les premières années de possession, mais exige une planification rigoureuse pour ne pas être pris au dépourvu lorsque les remboursements commenceront.

Il est donc crucial de ne pas voir le RAP comme un “cadeau”, mais comme un prêt à soi-même dont les conditions doivent être scrupuleusement respectées pour éviter une érosion fiscale de votre capital.

Comment emprunter 35 000 $ pour cotiser au REER et le retirer en RAP 90 jours plus tard ?

Voici une stratégie d’ingénierie fiscale particulièrement puissante mais souvent négligée : le “prêt-REER” combiné au RAP. L’idée n’est pas d’utiliser votre épargne existante, mais de créer un gain fiscal net pour augmenter votre mise de fonds. Le mécanisme est simple en théorie : vous contractez un prêt à court terme pour cotiser à votre REER, vous bénéficiez du retour d’impôt, puis vous utilisez le RAP pour retirer la somme et rembourser le prêt. La clé du succès réside dans le respect scrupuleux de la règle des 90 jours.

Le processus se déroule en plusieurs étapes :

  1. Emprunter : Vous contractez un prêt REER auprès d’une institution financière, par exemple de 35 000 $.
  2. Cotiser : Vous versez immédiatement ce montant dans votre REER.
  3. Déduire : Lors de votre déclaration de revenus, cette cotisation génère un important remboursement d’impôt. Pour un taux marginal de 45,71 %, une cotisation de 35 000 $ peut générer un retour d’environ 16 000 $.
  4. Attendre : Vous devez impérativement laisser les fonds dans le REER pendant au moins 90 jours.
  5. “RAPer” : Après ce délai, vous effectuez un retrait de 35 000 $ via le RAP, somme non imposable.
  6. Rembourser : Vous utilisez ces 35 000 $ pour rembourser intégralement le prêt initial.

Le résultat ? Vous avez remboursé votre dette et il vous reste un gain net de près de 16 000 $ (le retour d’impôt moins les quelques centaines de dollars d’intérêts sur le prêt), que vous pouvez injecter dans votre mise de fonds.

Mains calculant sur une calculatrice avec documents REER flous en arrière-plan

Cette stratégie est d’autant plus avantageuse que votre taux marginal d’imposition est élevé. Le tableau suivant illustre la rentabilité de l’opération pour un prêt de 60 000 $ au Québec, démontrant un gain net potentiel significatif, comme le détaille une analyse de Conseiller.ca sur les règles applicables.

Rentabilité du prêt REER selon le taux marginal d’imposition au Québec
Taux marginal Retour d’impôt (60 000 $) Coût intérêts 90 jours (6%) Gain net
37,12% 22 272 $ 900 $ 21 372 $
45,71% 27 426 $ 900 $ 26 526 $
53,31% 31 986 $ 900 $ 31 086 $

C’est un exemple parfait d’arbitrage fiscal, où la bonne connaissance des règles vous permet de transformer une contrainte (l’impôt) en une opportunité de financement.

Rachat de part du conjoint : comment utiliser le RAP une deuxième fois après un divorce ?

Le RAP n’est pas réservé qu’aux premiers acheteurs. Dans le contexte d’une séparation ou d’un divorce, il peut devenir un outil financier crucial pour permettre à l’un des ex-conjoints de racheter la part de l’autre et de conserver la résidence familiale. La législation fiscale a prévu ce cas de figure et permet, sous certaines conditions, d’utiliser le RAP une seconde fois. Pour ce faire, le participant doit redevenir un “acheteur d’une première habitation” au sens fiscal.

Pour être admissible, plusieurs conditions strictes doivent être remplies. Comme le résume cette citation tirée du Guide des mesures fiscales :

Pour être considéré comme particulier déterminé, il ne doit pas avoir été occupant d’une habitation admissible comme lieu principal de résidence durant l’année civile ou les quatre années civiles précédentes.

Centre de fiscalité de l’Université de Sherbrooke, Guide des mesures fiscales – RAP

En clair, vous ne devez pas avoir été propriétaire-occupant de votre résidence principale pendant les quatre années précédant le retrait. De plus, au moment du retrait, vous devez vivre séparément de votre ex-conjoint depuis au moins 90 jours en raison de la rupture de votre union. Le solde de votre précédent RAP doit également être à zéro au 1er janvier de l’année du nouveau retrait.

Étude de cas : Rachat de part après une séparation

Un participant peut utiliser le RAP une deuxième fois pour racheter la part de son ex-conjoint dans la maison familiale. Pour cela, il doit avoir respecté la période de quatre ans sans être propriétaire-occupant et avoir vécu séparément pendant au moins 90 jours. Le nouveau plafond de 60 000 $ (depuis avril 2024) facilite grandement ces transactions en fournissant une source de liquidités plus importante pour financer le rachat de la soulte.

Cette possibilité démontre la flexibilité du RAP, qui peut s’adapter à des situations de vie complexes bien au-delà du simple premier achat, à condition de maîtriser ses règles précises.

L’erreur de cotiser à vos REER moins de 90 jours avant le retrait qui annule l’admissibilité

La règle des 90 jours est l’un des pièges les plus courants et les plus coûteux du RAP. Elle stipule que les cotisations versées à un REER dans les 89 jours précédant un retrait dans le cadre du RAP ne sont pas déductibles d’impôt pour l’année en cours. C’est une mesure anti-évitement fiscal conçue pour empêcher les contribuables de bénéficier d’une déduction REER et d’un retrait RAP quasi simultanément sur les mêmes fonds.

L’erreur à ne pas commettre est de penser que cette règle invalide le retrait RAP lui-même. Ce n’est pas le cas. Vous pouvez toujours retirer les fonds. Cependant, la déduction fiscale associée à cette cotisation est annulée pour l’année du retrait. Autrement dit, vous perdez le principal avantage de la cotisation REER : le retour d’impôt. Si vous avez cotisé 10 000 $ une semaine avant de “RAPer”, ces 10 000 $ ne réduiront pas votre revenu imposable. Vous pourrez reporter cette déduction à une année ultérieure, mais l’avantage fiscal immédiat, souvent crucial pour la mise de fonds, est perdu.

Cette règle s’applique à toutes les cotisations, y compris celles versées par votre employeur dans le cadre d’un régime collectif. Une planification rigoureuse du calendrier est donc indispensable pour maximiser les avantages du RAP.

Vue en plongée d'un calendrier avec marqueurs colorés indiquant les dates importantes pour le RAP

Il est impératif de cesser toute cotisation REER au moins 90 jours avant la date prévue du retrait RAP. Cela demande une coordination précise, surtout si vous utilisez la stratégie du prêt-REER. L’oubli de cette règle peut transformer une stratégie gagnante en une opération fiscalement neutre, voire désavantageuse.

La maîtrise du calendrier est donc aussi importante que le montant cotisé. Une bonne planification est la garantie d’une optimisation fiscale réussie.

Quand utiliser le RAP et le CELIAPP ensemble pour une mise de fonds maximale de 75 000 $ ?

L’arrivée du Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) a changé la donne. La question n’est plus seulement “RAP ou pas RAP ?”, mais “comment combiner le RAP et le CELIAPP ?”. Ces deux outils ne sont pas concurrents, mais complémentaires. Ensemble, ils permettent d’assembler une mise de fonds colossale tout en maximisant les économies d’impôt. Un individu peut retirer jusqu’à 60 000 $ de ses REER (via le RAP) et jusqu’à 40 000 $ (plus les rendements) de son CELIAPP, pour un total de 100 000 $.

Pour un couple, le potentiel est encore plus impressionnant. Comme le note le Collège des professions financières, un couple peut accumuler une mise de fonds combinée pouvant aller jusqu’à 200 000 $ (120 000 $ via le RAP et 80 000 $ via le CELIAPP), entièrement à l’abri de l’impôt au moment du retrait.

La stratégie optimale consiste généralement à prioriser le CELIAPP. Pourquoi ? Parce qu’il combine le meilleur des deux mondes : la cotisation est déductible d’impôt (comme le REER), mais le retrait pour l’achat d’une propriété n’a pas à être remboursé. C’est un avantage fiscal net, sans dette future envers soi-même. La recommandation stratégique est donc la suivante :

  1. Maximisez vos cotisations annuelles au CELIAPP (8 000 $ par an) pendant les années précédant votre achat.
  2. Profitez des déductions fiscales chaque année pour réduire votre impôt.
  3. Au moment de l’achat, retirez l’intégralité de votre CELIAPP.
  4. Utilisez ensuite le RAP pour combler le manque à gagner et atteindre le montant de mise de fonds désiré.

Stratégie optimale pour un couple

Pour un couple avec des revenus de 80 000 $ chacun, la stratégie idéale est de maximiser d’abord le CELIAPP (8 000 $ par an chacun pendant 5 ans) pour profiter de la déduction fiscale sans obligation de remboursement. Cette approche seule peut générer une économie d’impôt significative. Ils peuvent ensuite utiliser le RAP en complément pour atteindre une mise de fonds substantielle, tout en profitant d’un report d’impôt additionnel.

En synchronisant intelligemment ces deux outils, vous transformez l’épargne pour une mise de fonds en une véritable machine à optimiser la fiscalité.

Quand placer votre épargne dans un CELIAPP pour bonifier votre mise de fonds fiscalement ?

Le Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) est sans doute l’outil d’épargne le plus avantageux jamais créé pour les futurs propriétaires au Canada. Son principal atout réside dans son double avantage fiscal : les cotisations sont déductibles de votre revenu imposable, et les retraits (cotisations + rendements) sont non imposables si utilisés pour l’achat d’une propriété admissible. C’est un avantage que ni le REER ni le CELI ne peuvent offrir seuls.

Le moment idéal pour commencer à cotiser est dès que vous envisagez sérieusement un achat immobilier dans les 5 prochaines années. Le plafond de cotisation annuel est de 8 000 $, avec un plafond à vie de 40 000 $. En commençant tôt, vous maximisez les droits de cotisation et le potentiel de rendement à l’abri de l’impôt. Pour un jeune professionnel, l’impact est immédiat.

L’avantage fiscal direct est quantifiable. Par exemple, selon les données de Desjardins, une cotisation annuelle de 8 000 $ au CELIAPP peut générer un retour d’impôt d’environ 1 640 $ pour une personne ayant un revenu imposable situé entre 70 000 $ et 100 000 $ au Québec. Cet argent, réinvesti ou utilisé pour d’autres dépenses, constitue un gain net immédiat.

Contrairement au RAP, il n’y a aucune obligation de remboursement. C’est un avantage psychologique et financier majeur. Une fois l’argent retiré pour votre maison, vous n’avez plus aucune contrainte future liée à ce régime. De plus, si vous décidez de ne pas acheter de propriété, les fonds peuvent être transférés dans votre REER sans impacter vos droits de cotisation REER, préservant ainsi votre épargne-retraite. Cette flexibilité en fait un outil de choix pour débuter la constitution de sa mise de fonds.

En résumé, le CELIAPP n’est pas juste une option d’épargne ; c’est un accélérateur fiscal pour votre projet immobilier.

Pourquoi vivre dans votre duplex vous permet d’accéder à la propriété 5 ans plus tôt ?

Pour de nombreux aspirants propriétaires confrontés à la flambée des prix, l’achat d’un duplex en tant que propriétaire-occupant n’est pas un simple choix de vie, mais une véritable stratégie d’accélération financière. Le principe est simple : vous achetez un immeuble à revenus, vous habitez l’un des logements et vous louez l’autre. Les revenus locatifs générés viennent alors alléger votre fardeau hypothécaire et, surtout, augmentent considérablement votre capacité d’emprunt.

C’est ce second point qui est crucial. Les institutions financières acceptent d’inclure une partie des revenus locatifs potentiels dans le calcul de votre capacité à rembourser un prêt. Selon les experts de Performance Hypothécaire, les institutions financières considèrent généralement 50% à 65% des revenus locatifs bruts dans le calcul de qualification hypothécaire. Concrètement, un loyer de 1 200 $ par mois (14 400 $ par an) pourrait ajouter plus de 7 200 $ à vos revenus admissibles, vous permettant de vous qualifier pour un prêt beaucoup plus élevé que pour une maison unifamiliale de même coût.

Étude de cas : l’effet de levier du duplex

Imaginons Henri, qui achète un duplex où il occupera 60 % de la superficie et louera les 40 % restants. Cette configuration lui permet non seulement de se qualifier pour un prêt plus important grâce aux revenus locatifs, mais aussi de bénéficier d’une mise de fonds minimale de seulement 5 % avec une assurance SCHL, une condition réservée aux propriétaires-occupants de petits plex.

De plus, une partie des dépenses de l’immeuble (intérêts hypothécaires, taxes, assurances, travaux) devient déductible d’impôt au prorata de la superficie locative. Cette stratégie fiscale réduit encore le coût réel de possession. Pour la mettre en œuvre efficacement, une planification rigoureuse est nécessaire.

Votre plan d’action pour l’achat d’un duplex

  1. Calculez votre capacité d’emprunt : Faites une simulation en incluant entre 50 % et 65 % des revenus locatifs potentiels de l’unité que vous n’habiterez pas.
  2. Préparez la mise de fonds : Visez un minimum de 5 % du prix d’achat pour un duplex si vous habitez l’un des logements (avec assurance prêt hypothécaire).
  3. Combinez les outils fiscaux : Utilisez le RAP et le CELIAPP pour rassembler plus rapidement la mise de fonds requise.
  4. Planifiez les déductions fiscales : Anticipez les dépenses qui seront déductibles au prorata de la portion locative (intérêts, taxes, etc.).
  5. Préparez la gestion locative : Familiarisez-vous avec vos obligations de propriétaire, notamment la production des relevés 31 pour vos locataires chaque année.

En devenant propriétaire-occupant, vous ne faites pas qu’acheter une maison ; vous investissez dans un actif qui travaille pour vous dès le premier jour.

À retenir

  • La stratégie du « prêt-REER » suivie d’un retrait RAP transforme une cotisation en un gain fiscal net, générant des liquidités pour votre mise de fonds.
  • Le CELIAPP doit être priorisé sur le RAP lorsque possible, car il offre une déduction fiscale à la cotisation sans aucune obligation de remboursement.
  • Le non-remboursement d’une partie du RAP n’est pas une pénalité, mais une réintégration au revenu imposable qui sera taxée à votre taux marginal.

Banque ou courtier hypothécaire : qui peut vraiment vous obtenir un taux sous les 5% actuellement ?

Après avoir méticuleusement optimisé votre stratégie fiscale pour assembler la mise de fonds, la dernière pièce du puzzle est le financement hypothécaire. La question se pose alors : vaut-il mieux faire affaire avec sa banque habituelle ou mandater un courtier hypothécaire ? Dans le marché actuel, où chaque dixième de point de pourcentage compte, la réponse n’est pas si simple. Il n’y a pas de “meilleur” choix absolu, mais plutôt un choix plus adapté à votre profil et à votre stratégie.

Faire affaire avec votre banque peut avoir des avantages si vous y avez un historique de longue date et un excellent dossier de crédit. La banque connaît votre situation financière et peut parfois offrir des conditions préférentielles ou des produits groupés pour vous garder comme client. La relation de confiance peut simplifier les démarches. Cependant, vous êtes limité à l’offre d’une seule institution.

Le courtier hypothécaire, quant à lui, a accès aux produits d’une multitude de prêteurs, y compris des institutions financières virtuelles ou des prêteurs alternatifs que vous ne connaîtriez pas. Sa valeur ajoutée est de mettre en concurrence ces prêteurs pour dénicher le meilleur taux et les meilleures conditions pour votre dossier spécifique. Pour un profil plus complexe (travailleur autonome, achat d’un plex), un courtier expérimenté peut être un atout inestimable pour monter le dossier de la manière la plus avantageuse.

Alors, qui peut vous obtenir un taux sous la barre symbolique des 5 % ? La vérité est que cela dépend moins de l’intermédiaire que de la qualité de votre dossier (crédit, revenus, mise de fonds) et du contexte économique. La vraie question n’est pas “qui a le meilleur taux ?”, mais “qui comprend le mieux ma stratégie globale ?”. Un bon conseiller, qu’il soit à la banque ou courtier, doit comprendre que votre mise de fonds a été construite via des outils fiscaux complexes comme le RAP et le CELIAPP et doit pouvoir présenter votre dossier sous son meilleur jour.

Pour mettre en pratique ces conseils, l’étape suivante consiste à obtenir une pré-approbation hypothécaire. Il est recommandé de consulter à la fois votre banque et au moins un courtier pour comparer les offres et choisir le partenaire qui saura le mieux vous accompagner dans la réalisation de votre projet immobilier.

Questions fréquentes sur le RAP et la règle des 90 jours

Que se passe-t-il si je cotise à mon REER moins de 90 jours avant le retrait RAP?

La cotisation reste dans votre REER mais ne sera pas déductible d’impôt pour l’année en cours. Le retrait RAP reste possible, mais vous perdez l’avantage fiscal immédiat de la déduction sur cette cotisation spécifique.

Les cotisations de l’employeur sont-elles affectées par la règle des 90 jours?

Oui, absolument. Toutes les cotisations, qu’elles proviennent de vous ou de votre employeur, doivent respecter le délai de 90 jours dans le REER avant un retrait RAP pour que la déduction soit admissible pour l’année du retrait.

Puis-je reporter la déduction à une année ultérieure?

Oui, si vous cotisez moins de 90 jours avant le retrait, vous ne perdez pas la déduction définitivement. Vous pouvez choisir de ne pas la réclamer pour l’année du retrait et la reporter pour la déduire lors d’une année fiscale future.

Written by Nadia Belkacem, Courtière hypothécaire indépendante spécialisée en financement résidentiel et multi-logements. Experte en dossiers de crédit complexes, travailleurs autonomes et nouveaux arrivants.