Published on May 15, 2024

Le profit d’un flip immobilier au Québec ne se joue plus sur le chantier, mais dans la maîtrise des aspects légaux et financiers avant même le premier coup de marteau.

  • La nouvelle règle fédérale requalifie presque toujours les profits de revente en moins de 12 mois en revenu d’entreprise, imposable à 100 %.
  • Les délais de permis et les coûts de main-d’œuvre non anticipés sont les principaux tueurs de marge, dépassant souvent les imprévus de rénovation.

Recommandation : La clé du succès est de structurer chaque projet comme une entreprise dès le départ et d’intégrer les délais administratifs dans votre calendrier avant même la signature de l’acte d’achat.

L’idée de transformer une propriété vieillotte en bijou étincelant pour empocher un profit rapide a toujours été au cœur du flip immobilier. Pour beaucoup d’investisseurs au Québec, le calcul semblait simple : acheter sous la valeur marchande, rénover intelligemment, et revendre avec une plus-value substantielle. Mais ce calcul, autrefois fiable, est devenu une équation complexe et truffée de pièges. La nouvelle règle fiscale anti-flip du gouvernement fédéral, entrée en vigueur en 2023, a complètement changé la donne, rendant la simple plus-value beaucoup plus difficile à réaliser.

Désormais, les conseils habituels comme “bien choisir son quartier” ou “se concentrer sur la cuisine et la salle de bain” ne suffisent plus. Ils sont devenus des prérequis, pas des stratégies. Le véritable enjeu n’est plus seulement de savoir comment poser un plancher de bois franc, mais de comprendre comment le coût de ce bois fluctue et quand l’acheter. Le défi n’est plus de démolir un mur, mais de savoir si le règlement municipal de Montréal vous l’interdit pour protéger le parc locatif. Le profit ne se cache plus uniquement dans la qualité des finitions, mais dans la structure fiscale que vous choisissez et votre capacité à naviguer les dédales administratifs.

Cet article n’est pas un autre guide sur le choix des couleurs de peinture. C’est une plongée réaliste dans les coulisses du flip immobilier québécois moderne. Nous allons délaisser les platitudes pour nous concentrer sur les leviers invisibles qui dictent réellement votre rentabilité : la gestion proactive des délais de permis, l’arbitrage lucide entre une dépense et un investissement, et surtout, la compréhension fine des implications fiscales qui peuvent transformer un gain en capital espéré en un revenu d’entreprise lourdement taxé. L’objectif n’est pas de vous décourager, mais de vous armer. Car aujourd’hui, un flippeur qui réussit est avant tout un stratège qui a fait ses devoirs bien avant de signer chez le notaire.

Pour vous guider à travers ces nouveaux défis, cet article décortique les points de friction les plus courants et les plus coûteux. Nous analyserons en détail les aspects critiques que tout investisseur se doit de maîtriser pour non seulement survivre, mais prospérer dans ce nouvel environnement réglementaire et économique.

Pourquoi prévoir 20% d’imprévus est le minimum vital pour ne pas faire faillite sur un flip ?

Dans le monde du flip, le mantra des “15% d’imprévus” est aussi connu que dépassé. Aujourd’hui, au Québec, considérer ce chiffre comme une sécurité est une grave erreur de calcul. Les imprévus ne se cachent plus seulement derrière un mur porteur non identifié ou une plomberie en fin de vie. Le véritable danger provient des leviers invisibles : la fiscalité, le financement et la logistique. Un budget solide doit maintenant anticiper ces variables externes avec une marge de manœuvre d’au moins 20%, et ce, pour des raisons très concrètes.

Le premier choc financier vient souvent de la fiscalité. Un investisseur qui anticipe un gain en capital peut se retrouver avec une surprise fiscale salée si l’Agence du Revenu du Canada (ARC) requalifie son profit. Selon les nouvelles règles, un gain de 100 000 $ peut facilement entraîner un impôt supplémentaire de près de 25 000 $ si requalifié en revenu d’entreprise. Cet “imprévu” fiscal à lui seul peut anéantir un quart de votre profit brut. Ensuite, les coûts de financement, surtout avec les prêteurs privés souvent sollicités pour des transactions rapides, recèlent des frais cachés qui peuvent faire dérailler un budget.

Les frais de dossier, les pénalités de remboursement anticipé et les taux d’intérêt élevés ne sont que la pointe de l’iceberg. L’arbitrage entre un prêteur traditionnel et un prêteur privé doit être analysé avec une extrême lucidité.

Comparaison des frais de financement : Prêteur traditionnel vs. Prêteur privé au Québec
Type de frais Prêteur traditionnel Prêteur privé
Taux d’intérêt 5-7% 10-15%
Frais de dossier 0-500 $ 2-3% du prêt
Pénalité remboursement anticipé 3 mois d’intérêts 3-6 mois d’intérêts
Frais de renouvellement Gratuit 1-2% du solde

Enfin, la pénurie de main-d’œuvre et les coûts des matériaux varient drastiquement entre Montréal et les régions, créant des écarts imprévus qui peuvent dépasser 10%. Ce qui est un budget viable à Sherbrooke peut devenir un gouffre financier sur le Plateau Mont-Royal. Prévoir 20% n’est donc pas du pessimisme, c’est du réalisme stratégique. C’est la seule façon de s’assurer que les imprévus, qu’ils soient fiscaux, financiers ou logistiques, ne transforment pas votre projet de rêve en faillite.

Comment naviguer les délais de permis pour ne pas payer 6 mois d’hypothèque inutilement ?

L’un des tueurs de profit les plus silencieux et les plus redoutables dans un projet de flip au Québec est le temps d’attente. Chaque mois passé à attendre un permis de construcción de la municipalité est un mois où vous payez des intérêts hypothécaires, des taxes et des assurances sur un actif qui ne génère aucune valeur. Six mois d’attente peuvent facilement représenter des dizaines de milliers de dollars qui s’envolent, transformant une marge bénéficiaire confortable en une opération à perte. La vitesse d’exécution légale est donc une compétence aussi cruciale que le talent en rénovation.

Le réflexe commun est d’acheter la propriété, puis de commencer les démarches pour obtenir les permis. C’est une erreur stratégique majeure. Les délais municipaux, particulièrement dans les grandes villes comme Montréal, peuvent être imprévisibles et s’étirer sur plusieurs mois. La clé pour court-circuiter cette attente passive est d’inverser le processus : agir sur le plan administratif *avant* même d’être propriétaire. Cela demande de la préparation et de la négociation, mais le jeu en vaut la chandelle. L’implication d’un technologue ou d’un architecte en amont est indispensable pour préparer des plans conformes qui minimiseront les allers-retours avec les services d’urbanisme.

Plans d'architecture et outils de mesure sur une table de travail québécoise

La solution réside dans une approche proactive et négociée. Il faut intégrer dans l’offre d’achat une clause conditionnelle permettant de soumettre les demandes de permis pendant la période de diligence, avant la clôture de la transaction. Bien que tous les vendeurs n’acceptent pas, cette manœuvre peut vous faire gagner de deux à trois mois précieux. Pendant que la ville étudie votre dossier, vous pouvez finaliser le financement, commander les matériaux et aligner vos équipes. Le jour où vous prenez possession des clés, vous avez déjà le feu vert pour commencer les travaux, transformant ainsi un temps mort coûteux en une période de planification productive.

Plan d’action : La stratégie du dépôt de permis anticipé

  1. Négociation de la clause : Intégrez à l’offre d’achat une condition permettant le dépôt de la demande de permis avant la date de signature chez le notaire.
  2. Dépôt accéléré : Soumettez votre dossier complet à la municipalité dès que les conditions de l’offre d’achat sont levées, sans attendre la prise de possession.
  3. Planification simultanée : Utilisez la période d’attente du permis pour obtenir les soumissions finales des entrepreneurs, commander les matériaux à long délai de livraison et finaliser les plans de design.
  4. Démarrage immédiat : Lancez les travaux le jour 1 suivant la prise de possession, avec le permis déjà en main, éliminant ainsi toute période d’inactivité.
  5. Calcul du gain : Évaluez les économies réalisées en frais de possession (intérêts, taxes, assurances) sur les 2 à 3 mois gagnés pour mesurer le succès de la stratégie.

Revenu d’entreprise ou gain en capital : comment l’ARC qualifie vos profits de flip ?

C’est la question à un million de dollars, ou plutôt, la question qui peut vous coûter des dizaines de milliers de dollars en impôts imprévus. La distinction entre un gain en capital (imposable à 50%) et un revenu d’entreprise (imposable à 100%) est le point névralgique de la fiscalité des flips au Québec. Avec la nouvelle législation fédérale, l’Agence du Revenu du Canada (ARC) a considérablement resserré les règles, créant ce que l’on peut appeler une forte friction fiscale pour les investisseurs.

La règle est maintenant brutalement simple : une présomption de revenu d’entreprise s’applique à tout profit réalisé sur la vente d’un bien immobilier résidentiel détenu pendant moins de 365 jours. Cette présomption est quasi irréfutable, sauf dans des circonstances de vie exceptionnelles et bien documentées. L’intention de l’investisseur au moment de l’achat devient le critère central pour l’ARC. Si votre intention principale était de revendre rapidement pour faire un profit, le profit sera considéré comme un revenu d’entreprise, point final. Oubliez l’exemption pour résidence principale si vous avez habité les lieux quelques mois; cette avenue est désormais fermée dans un contexte de flip.

Comme le clarifie l’analyse de la législation par les experts :

Selon cette règle, tout profit généré par la revente d’une propriété détenue depuis moins de 12 mois est considéré comme un revenu d’entreprise. Il est donc imposable à 100%, sans possibilité de profiter de l’exemption pour résidence principale, sauf dans le cas d’une exception précise.

– XpertSource, Le flip immobilier est-il une bonne stratégie d’investissement?

Alors, comment naviguer dans ce champ de mines fiscal ? La première étape est l’acceptation : si votre modèle d’affaires est le flip rapide, considérez vos profits comme un revenu d’entreprise par défaut dans vos calculs de rentabilité. Tenter de le masquer en gain en capital est une stratégie risquée qui peut mener à des pénalités sévères. La deuxième étape est la structuration. Opérer via une société par actions (Inc.) peut clarifier d’emblée la nature commerciale de vos activités et offrir des avenues d’optimisation fiscale (comme le versement de dividendes) inaccessibles à un particulier. La documentation est votre meilleure alliée. Conservez absolument tout : courriels, plans d’affaires, soumissions, qui prouvent que votre projet était une opération commerciale dès le départ. Dans ce nouveau paradigme, la transparence avec le fisc est moins coûteuse que l’ambiguïté.

L’erreur de faire l’électricité soi-même qui rend la maison invendable et non assurable

Dans la quête de maximiser les marges, la tentation de réaliser certains travaux soi-même est grande. Si peinturer ou poser un plancher flottant est une économie intelligente, toucher à l’électricité est une erreur de débutant aux conséquences catastrophiques. Au Québec, la législation est sans équivoque : tout travail sur une installation électrique doit être exécuté par un maître électricien membre de la Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ). Tenter de contourner cette règle est la voie la plus rapide pour rendre une propriété invendable et non assurable.

Le problème est double. Premièrement, il y a le risque légal. La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) interdit formellement aux non-détenteurs de licence de toucher aux systèmes électriques. Si vous ne résidez pas dans la propriété (ce qui est le cas de la plupart des flips), la réglementation est encore plus stricte : vous n’avez le droit de faire aucun travaux vous-même. Un inspecteur en bâtiment diligent repérera immédiatement des travaux non conformes. Le rapport d’inspection deviendra alors un obstacle majeur à la vente, forçant une réduction de plusieurs milliers de dollars sur le prix de vente pour couvrir les coûts de correction par un professionnel, anéantissant les économies espérées.

Deuxièmement, et c’est encore plus grave, il y a le risque lié à l’assurance. En cas de sinistre, comme un incendie, si l’enquête révèle que des travaux électriques ont été effectués par une personne non qualifiée, la compagnie d’assurance de l’acheteur a de fortes chances de refuser de couvrir les dommages. Cette information, une fois connue, effraiera non seulement les acheteurs potentiels mais aussi leurs prêteurs hypothécaires. Une maison qui ne peut être assurée ne peut être financée. Vous vous retrouveriez alors avec une propriété sur les bras, impossible à vendre à un acheteur standard.

Faire appel à un maître électricien n’est donc pas une dépense, c’est une assurance de transaction. Le certificat de conformité qu’il délivre est un document en or qui rassure les inspecteurs, les assureurs, les prêteurs et les acheteurs. Tenter d’économiser quelques centaines de dollars sur ce poste est un pari qui met en péril l’intégralité de votre investissement. C’est l’un des arbitrages où il n’y a pas de zone grise : la conformité est non négociable.

Quand embaucher un designer pour un flip : est-ce une dépense ou un investissement ?

Pour un investisseur concentré sur les coûts, engager un designer d’intérieur peut sembler être un luxe superflu, une dépense qui vient gruger une marge déjà mince. C’est une vision court-termiste qui ignore un principe fondamental du marché immobilier : les gens n’achètent pas une maison, ils achètent un style de vie. C’est ici que l’arbitrage lucide entre coût et investissement prend tout son sens. Un bon designer ne se contente pas de choisir des coussins; il crée de la valeur perçue, un facteur intangible mais extrêmement puissant qui peut accélérer la vente et maximiser le prix final.

Le rôle d’un designer dans un flip est stratégique. Il sait comment allouer le budget aux éléments qui ont le plus grand impact visuel et émotionnel sur les acheteurs. Il peut transformer une cuisine fonctionnelle en un espace “wow” avec un choix judicieux de comptoirs, de dosseret et d’éclairage, souvent pour un coût marginalement plus élevé que des matériaux standards. Il optimise la fluidité des espaces, maximise la lumière naturelle et crée une cohérence esthétique dans toute la propriété. Ce sont ces détails qui, mis bout à bout, permettent à un acheteur potentiel de se projeter et de tomber en amour avec le lieu. Cet “amour” se traduit directement par une offre d’achat plus rapide et plus élevée.

Intérieur moderne d'une maison rénovée au Québec avec finitions haut de gamme

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un investissement de quelques milliers de dollars en honoraires de design peut se traduire par des dizaines de milliers de dollars de plus-value. Les analyses de rentabilité montrent qu’un flip bien désigné se vend non seulement plus cher, mais aussi plus vite, réduisant les frais de possession (hypothèque, taxes, etc.). Dans certains cas, les études démontrent qu’il est possible de voir jusqu’à 25 000 $ d’augmentation de valeur perçue pour 5 000 $ d’honoraires de designer. L’astuce est de faire appel au designer au tout début du projet. Il aidera à définir la portée des travaux, à optimiser les plans et à choisir les matériaux avant le début du chantier, évitant ainsi des erreurs coûteuses et des changements de dernière minute.

La question n’est donc pas “ai-je les moyens d’engager un designer ?”, mais plutôt “ai-je les moyens de m’en passer ?”. Dans un marché compétitif, où les acheteurs sont éduqués et exigeants, un design professionnel n’est plus une option, c’est un avantage concurrentiel décisif.

Pourquoi transformer votre duplex en unifamiliale peut être interdit par la ville de Montréal ?

La stratégie semblait infaillible : acheter un duplex ou un triplex dans un quartier prisé de Montréal, le convertir en une spacieuse maison unifamiliale et le revendre à prix d’or. Pendant des années, cette approche a généré des profits considérables. Cependant, face à la crise du logement qui sévit dans la métropole, les administrations municipales ont mis un frein brutal à cette pratique. Aujourd’hui, tenter une telle conversion sans une diligence raisonnable exhaustive est le plus court chemin vers un blocage réglementaire et un cauchemar financier.

Le cœur du problème est la protection du parc locatif. Des arrondissements comme Le Plateau-Mont-Royal, Rosemont-La Petite-Patrie ou Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension ont adopté des règlements très stricts, voire des moratoires, interdisant la suppression de logements locatifs. Le but est simple : préserver des logements abordables pour les résidents et éviter que le tissu social des quartiers ne soit bouleversé par une gentrification accélérée. Pour un investisseur, cela signifie que le “potentiel” de conversion d’un plex n’est souvent qu’une illusion. Obtenir un permis pour fusionner des unités est devenu quasi impossible dans de nombreux secteurs.

Ignorer cette réalité peut être désastreux. Vous pourriez vous retrouver propriétaire d’un plex avec un plan de rénovation inutilisable, forcé de revoir entièrement votre stratégie d’investissement. Avant même de faire une offre d’achat, la première étape est de contacter le service d’urbanisme de l’arrondissement concerné et de valider la faisabilité réglementaire de votre projet. Ne vous fiez pas aux dires du vendeur ou du courtier; exigez une confirmation écrite ou une référence précise au règlement en vigueur.

Face à ces restrictions, l’investisseur intelligent doit pivoter vers des stratégies d’optimisation verticale plutôt qu’horizontale. Au lieu de supprimer des unités, l’objectif devient de maximiser la valeur de chaque unité existante. Voici des approches alternatives et légales :

  • Rénovation de luxe : Rénover les deux ou trois unités à un niveau très élevé pour attirer des locataires à hauts revenus, augmentant ainsi la valeur locative et, par conséquent, la valeur de l’immeuble.
  • Projet propriétaire-occupant avec optimisation : Occuper une unité et rénover l’autre pour générer un revenu locatif maximal, ce qui est souvent permis et bien vu par les municipalités.
  • Revalorisation ciblée : Concentrer les investissements sur les cuisines et salles de bain de chaque unité pour augmenter leur attrait sans changer la configuration générale du bâtiment.
  • Exploration périphérique : Chercher des opportunités dans des municipalités voisines de Montréal qui n’ont pas encore adopté de règlements aussi restrictifs, mais où le potentiel de croissance est présent.

Pourquoi le prix du bois d’œuvre fluctue-t-il autant et comment acheter au bon moment ?

Le bois d’œuvre est l’épine dorsale de la plupart des projets de rénovation au Québec. Son prix est aussi l’une des variables les plus volatiles et les plus frustrantes pour un investisseur. Passer d’un sommet historique à un creux en l’espace de quelques mois peut radicalement altérer la rentabilité d’un flip. Comprendre les forces qui animent ce yo-yo incessant est essentiel pour éviter d’acheter au plus haut et de voir sa marge fondre comme neige au soleil.

La fluctuation des prix du bois est un cocktail complexe de facteurs locaux et internationaux. La demande saisonnière joue un rôle (la construction augmente au printemps), mais les véritables moteurs sont ailleurs. La pandémie a créé une demande explosive pour les rénovations résidentielles et la construction neuve, faisant grimper les prix à des niveaux stratosphériques. Depuis, le marché s’est ajusté, mais la volatilité demeure. En effet, l’industrie forestière québécoise a vu le prix du bois chuter de façon spectaculaire, passant de sommets de 1500 $ US à environ 575 $ US pour 1000 pieds-mesure de planche entre 2021 et début 2024, un niveau qui menace la rentabilité de nombreuses scieries.

Un des principaux facteurs externes est le conflit commercial sur le bois d’œuvre résineux avec les États-Unis. Les tarifs douaniers imposés par Washington sur le bois canadien ont un impact direct sur la profitabilité des scieries québécoises et, par ricochet, sur les prix et l’approvisionnement.

Impact des tarifs douaniers américains sur les scieries québécoises
Période Tarifs douaniers US Impact sur les scieries
2017-2023 8,05% Opérations difficiles
2024 14,54% Plusieurs fermetures
2025 (projeté) Jusqu’à 25% ‘Désastre’ anticipé
Producteurs européens 0% Avantage concurrentiel

Alors, comment acheter intelligemment ? Il n’y a pas de boule de cristal, mais il y a une stratégie. Anticiper et stocker. Suivez l’actualité économique liée à l’industrie forestière. Lorsque les prix sont dans un creux, et si votre projet est bien défini et que vous avez l’espace de stockage, achetez une partie de votre bois d’avance. Négociez avec les fournisseurs pour des achats en volume. Soyez flexible sur les essences de bois si possible. Parfois, une alternative moins conventionnelle mais tout aussi performante peut offrir des économies substantielles. L’achat de matériaux n’est plus une simple course à la quincaillerie, c’est une décision stratégique qui demande de la veille et de l’anticipation.

Points essentiels à retenir

  • Fiscalité par défaut : Considérez toujours vos profits de flip comme un revenu d’entreprise (imposable à 100 %) dans vos calculs si la détention est inférieure à 12 mois. C’est le nouveau standard.
  • La vitesse administrative prime : La gestion proactive des permis avant même l’achat est plus cruciale pour la rentabilité que la vitesse des rénovations.
  • L’imprévu a changé de nature : Votre coussin de 20 % doit désormais couvrir les surprises fiscales, les frais de financement cachés et les variations de coûts de main-d’œuvre régionales, bien plus que les seuls aléas de chantier.

Combien coûte réellement la rénovation d’une salle de bain au Québec en 2024 : 15 000 $ ou 30 000 $ ?

La salle de bain est, avec la cuisine, l’une des pièces maîtresses d’un flip réussi. C’est aussi l’une de celles où le budget peut exploser le plus facilement. Lorsqu’on planifie, la question est inévitable : doit-on budgéter 15 000 $ ou viser le double ? La réponse, frustrante mais réaliste, est : “ça dépend”. Mais comprendre de *quoi* ça dépend est ce qui sépare un investisseur profitable d’un autre qui court à sa perte. La fourchette est large, et les experts québécois s’accordent à dire qu’une rénovation complète se situe généralement entre 15 000 $ et 35 000 $.

La différence ne réside pas seulement dans le choix entre une tuile de céramique à 5 $/pi² et une autre à 25 $/pi². Le coût réel est souvent caché dans l’invisible. Une salle de bain dont on ne fait que rafraîchir les finis (vanité, robinetterie, peinture) tout en conservant la plomberie et l’électricité existantes pourra effectivement se situer dans le bas de la fourchette. En revanche, dès que l’on modifie l’agencement – déplacer une toilette, transformer un bain en douche italienne – les coûts grimpent en flèche. Cela implique d’ouvrir les murs et les planchers, de faire appel à un plombier et à un électricien (dont les tarifs horaires sont élevés), et potentiellement de découvrir des problèmes de structure ou de moisissure.

Étude de cas : les coûts cachés d’une salle de bain au sous-sol

Un projet d’ajout d’une salle de bain complète au sous-sol illustre parfaitement cette réalité. Au-delà des matériaux visibles, le budget doit impérativement inclure des postes de dépenses majeurs et souvent sous-estimés. Il faut prévoir le bris de la dalle de béton pour installer la nouvelle plomberie, l’installation d’une pompe de relevage (sanibroyeur) si l’évacuation principale est plus haute, et des travaux d’imperméabilisation des fondations pour éviter des problèmes d’humidité futurs. Ces interventions techniques à elles seules peuvent facilement ajouter de 5 000 $ à 10 000 $ au coût total, avant même d’avoir acheté le premier carreau de céramique.

Le véritable arbitrage pour un flippeur est donc de déterminer le niveau d’intervention optimal. Faut-il opter pour une rénovation cosmétique rapide et économique, ou investir dans une transformation complète qui augmentera davantage la valeur perçue ? La réponse dépend du marché cible. Pour une propriété d’entrée de gamme, une salle de bain propre et fonctionnelle suffit. Pour une maison haut de gamme, une douche à l’italienne avec des niches intégrées et un plancher chauffant peut être l’élément qui déclenche le coup de cœur et justifie un prix de vente plus élevé. Le coût réel n’est donc pas une fatalité, mais le résultat d’une décision stratégique alignée sur le profil de l’acheteur final.

Pour transformer ces connaissances en profits, la prochaine étape consiste à bâtir un plan d’affaires détaillé pour votre futur projet, en intégrant scrupuleusement chaque variable légale, fiscale et logistique que nous avons explorée.

Questions fréquentes sur le flip immobilier et la fiscalité au Québec

Quelles sont les exceptions à la règle anti-flip de 2023?

Plusieurs exceptions permettent d’échapper à la présomption de revenu d’entreprise, notamment en cas de décès, d’élargissement du ménage (naissance, adoption), de séparation conjugale, de menaces à la sécurité personnelle, de maladie grave ou d’invalidité, d’un déménagement pour des raisons professionnelles (mutation), de cessation d’emploi involontaire, d’insolvabilité ou de destruction de la propriété.

Comment documenter son intention pour éviter la requalification?

La documentation est cruciale. Conservez tous les documents pouvant prouver un changement de situation imprévu qui justifie une exception : courriels avec un employeur en cas de mutation, contrats de travail, communications avec votre notaire ou avocat lors d’une séparation, rapports médicaux, etc. Chaque document aide à bâtir un dossier solide pour l’ARC.

Une société par actions est-elle avantageuse pour les flips?

Oui, dans la plupart des cas. Créer une société par actions (Inc.) clarifie dès le départ que vos activités sont de nature commerciale, ce qui élimine toute ambiguïté avec l’ARC. De plus, cela ouvre la porte à des stratégies d’optimisation fiscale, comme le choix entre se verser un salaire ou des dividendes, des options impossibles pour un particulier dont le profit est simplement ajouté à son revenu personnel.

Written by Patrick Lemieux, Investisseur immobilier stratégique et analyste financier, propriétaire d'un parc de 40 portes dans la grande région de Montréal. Expert en optimisation fiscale, calcul de rentabilité et stratégies de financement créatif.