Published on March 15, 2024

Contrairement à l’idée reçue, payer la prime d’assurance SCHL n’est pas une simple perte d’argent, mais un arbitrage financier qui peut s’avérer très rentable.

  • Conserver ses liquidités plutôt que de viser le 20% de mise de fonds permet de les investir ailleurs, générant un rendement qui peut dépasser le coût de la prime.
  • Pour un investissement locatif (multiplex), une mise de fonds plus faible augmente l’effet de levier et la capacité d’acquérir d’autres propriétés.

Recommandation : Avant de vider vos comptes pour atteindre 20%, calculez le coût d’opportunité de vos liquidités. Ce guide vous montre comment faire ce calcul.

Pour tout premier acheteur au Québec, la question de la mise de fonds est une source d’anxiété majeure. Le conseil traditionnel, martelé par plusieurs, est d’économiser à tout prix 20 % du prix d’achat pour éviter la fameuse “taxe de bienvenue” qu’est l’assurance prêt hypothécaire de la SCHL (ou Sagen). L’idée est simple : moins de frais initiaux, c’est mieux. Cette vision, bien que logique en surface, ignore un principe fondamental de la planification financière : le coût d’opportunité. Vider ses comptes d’épargne et ses placements pour atteindre ce seuil magique de 20 % a un coût invisible mais bien réel. Et si la décision la plus avisée n’était pas d’éviter la prime, mais de la considérer comme un investissement stratégique ?

Plutôt que de voir la prime SCHL comme une pénalité, cet article propose une analyse mathématique et comparative. Nous allons déconstruire le dilemme “5 % vs 20 %” non pas comme une question de coût, mais comme un arbitrage de rendement. L’objectif est de vous donner les outils pour calculer si, dans votre situation, il est plus rentable de payer l’assurance pour conserver vos liquidités et les faire travailler, ou de consentir à un apport plus important. Nous analyserons les règles spécifiques au marché québécois, les mécanismes fiscaux comme le CELIAPP, et l’impact de cette décision sur un projet d’investissement locatif.

Cet article décortique chaque aspect de cette décision cruciale. Vous découvrirez les calculs précis, les pièges à éviter et les stratégies pour optimiser votre mise de fonds, vous permettant de faire un choix éclairé basé sur des chiffres, et non sur des idées reçues.

Pourquoi devez-vous mettre 10% de mise de fonds sur la portion du prix dépassant 500 000 $ ?

La règle de la mise de fonds minimale au Canada n’est pas un simple pourcentage fixe. Elle fonctionne par tranches, créant un effet de seuil important à comprendre. Pour une propriété dont le prix est inférieur ou égal à 500 000 $, une mise de fonds de 5 % est suffisante. Cependant, dès que le prix d’achat franchit cette barre, le calcul se complexifie. La règle, dictée par les assureurs hypothécaires et les régulateurs fédéraux, stipule qu’il faut fournir 5 % sur la première tranche de 500 000 $, plus 10 % sur toute portion du prix excédant ce montant. Par exemple, pour une maison de 600 000 $, la mise de fonds minimale n’est pas de 30 000 $ (5 % de 600k), mais bien de 35 000 $ (5 % de 500k + 10 % de 100k).

Cet effet de seuil a des implications directes sur le budget des premiers acheteurs dans des marchés comme Montréal ou Québec, où les prix dépassent fréquemment ce montant. Ignorer ce calcul progressif peut mener à une mauvaise surprise lors de la demande de financement. Une propriété affichée à 510 000 $ requiert non pas 25 500 $ mais 26 000 $ de mise de fonds, un détail qui peut faire la différence. Il est donc crucial d’intégrer cette règle de calcul dans votre planification financière bien en amont de vos recherches pour cibler des propriétés dont la mise de fonds minimale correspond à votre capacité d’épargne. Le tableau ci-dessous illustre l’évolution du pourcentage réel de la mise de fonds en fonction du prix.

Visualisation de l'effet de seuil à 500 000 pour les mises de fonds au Québec

Cette visualisation de l’effet de falaise montre bien que plus le prix de la propriété augmente au-delà de 500 000 $, plus le pourcentage effectif de la mise de fonds minimale se rapproche de 10 %. Pour les propriétés dont le prix est de 1 000 000 $ ou plus, la mise de fonds minimale est obligatoirement de 20 %, et l’assurance prêt hypothécaire n’est alors plus une option.

Le calcul de la mise de fonds minimale est un point de départ incontournable, comme le démontre cette analyse détaillée des tranches de prix. Il est essentiel de maîtriser ce calcul pour évaluer correctement votre capacité d’achat.

Comment utiliser un don d’argent des parents comme mise de fonds légale aux yeux de la banque ?

Le “bank of mom and dad” est une source de mise de fonds de plus en plus courante au Québec. Cependant, pour qu’un don soit accepté par une institution financière, il ne suffit pas de recevoir un virement. Les prêteurs et les assureurs comme la SCHL exigent une documentation rigoureuse pour s’assurer que les fonds sont un véritable cadeau et non un prêt déguisé, ce qui augmenterait votre ratio d’endettement. La première étape est la lettre de don. Ce document officiel, signé par le donateur, doit attester que la somme est un don sans attente de remboursement, préciser le montant, la date, et le lien de parenté.

Au-delà de la lettre, la traçabilité des fonds est primordiale. Les institutions financières canadiennes sont soumises aux règles du Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE). Elles doivent vérifier l’origine des fonds sur une période allant jusqu’à 90 jours. Il est donc essentiel de conserver tous les relevés bancaires prouvant le cheminement de l’argent, du compte du donateur au vôtre. Un transfert par chèque visé ou virement électronique est préférable à un dépôt en espèces, qui est plus difficile à tracer. Pour les montants importants, il faut savoir que les institutions sont tenues de déclarer au CANAFE les dépôts de 10 000$ ou plus, ce qui rend la transparence encore plus cruciale.

Plan d’action : Valider un don parental pour votre mise de fonds

  1. Rédiger la lettre de don : Faites rédiger un document officiel mentionnant le montant, la date et, de manière cruciale, le caractère non remboursable du don.
  2. Assurer la traçabilité : Documentez l’historique des fonds sur au moins 90 jours pour répondre aux exigences anti-blanchiment d’argent du CANAFE.
  3. Privilégier le virement : Effectuez le transfert via un virement bancaire traçable ou une traite bancaire plutôt qu’en espèces.
  4. Conserver les preuves : Gardez précieusement les relevés bancaires du donateur (prouvant le retrait) et du receveur (prouvant le dépôt).
  5. Envisager la notarisation : Pour les montants significatifs (souvent au-delà de 10 000$), faire notarier la lettre de don peut ajouter une couche de sécurité et de crédibilité aux yeux du prêteur.

Il existe aussi des stratégies plus complexes pour protéger le don en cas de séparation. Comme le souligne l’expert Jamie Golombek dans un rapport pour la CIBC, les parents peuvent structurer l’aide en prêt garanti par une hypothèque, une option qui nécessite l’avis d’un notaire ou d’un avocat.

Les parents utilisent fréquemment une stratégie lorsqu’ils veulent aider leurs enfants à acheter un domicile, mais souhaitent protéger les fonds donnés en cas d’échec du mariage : ils structurent alors le transfert de fonds en prêt, garanti par une hypothèque sur le bien.

– Jamie Golombek, Rapport CIBC – Donnez un petit peu

Combien coûte réellement la prime SCHL/Sagen sur un achat de 400 000 $ avec 5% de cash ?

L’une des plus grandes erreurs dans l’évaluation de la prime d’assurance hypothécaire est de s’arrêter au pourcentage de base. Le coût réel est plus complexe et doit inclure deux éléments souvent oubliés : la taxe de vente provinciale (TVQ) applicable au Québec et les intérêts composés sur la prime si elle est ajoutée au prêt. Prenons un exemple concret : l’achat d’une propriété de 400 000 $ avec une mise de fonds de 5 %, soit 20 000 $. Le montant du prêt hypothécaire de base est donc de 380 000 $.

Avec une mise de fonds de 5 %, le taux de prime SCHL applicable est de 4% du montant du prêt. La prime brute s’élève donc à 15 200 $ (4 % de 380 000 $). Au Québec, une particularité s’ajoute : la TVQ de 9,975 % est appliquée sur cette prime. Cela représente un montant de 1 516,23 $ (9,975 % de 15 200 $). Ce montant de taxe n’est pas finançable et doit être payé de votre poche chez le notaire lors de la signature de l’acte de vente. C’est une sortie de fonds supplémentaire à prévoir.

La prime brute de 15 200 $ peut, quant à elle, être ajoutée au capital de votre prêt hypothécaire. Le montant total financé devient alors 395 200 $ (380 000 $ + 15 200 $). C’est là que le coût d’opportunité s’installe. En finançant la prime, vous payez des intérêts sur celle-ci pendant toute la durée de l’amortissement. Sur 25 ans, avec un taux d’intérêt moyen de 5 %, ces 15 200 $ supplémentaires vous coûteront environ 12 000 $ en intérêts additionnels. Le coût total de la décision de prendre l’assurance n’est donc pas 15 200 $, mais plutôt 28 716 $ (15 200 $ de prime + 1 516 $ de TVQ + ~12 000 $ d’intérêts). C’est ce chiffre qui doit être comparé au rendement potentiel des liquidités que vous conservez.

L’erreur d’utiliser une marge de crédit pour votre mise de fonds sans le déclarer au prêteur

Face à la difficulté de réunir une mise de fonds, certains acheteurs sont tentés par une solution qui semble simple : utiliser une marge de crédit personnelle ou étudiante pour compléter leur apport, sans en informer la banque. C’est une erreur potentiellement catastrophique. Les règles des assureurs hypothécaires comme la SCHL sont catégoriques : la mise de fonds doit provenir de ressources propres et non empruntées. Toute forme de prêt doit être déclarée et sera incluse dans le calcul de votre ratio d’endettement, ce qui peut compromettre votre approbation.

Tenter de dissimuler un tel emprunt constitue une fausse déclaration. Les prêteurs effectuent des vérifications de crédit à plusieurs étapes du processus, y compris juste avant le déboursé final des fonds. S’ils découvrent un nouvel emprunt important non déclaré, ils peuvent, et vont probablement, annuler le financement. Les conséquences sont graves : non seulement le rêve d’accession à la propriété s’effondre à la dernière minute, mais vous pourriez également perdre votre dépôt sur la promesse d’achat, souvent plusieurs milliers de dollars. De plus, un refus de prêt pour ce motif peut entacher votre dossier de crédit et compliquer l’obtention de financement futur.

Un cas concret illustre bien ce risque : un acheteur québécois a vu son prêt hypothécaire annulé 48 heures avant la signature chez le notaire. La banque avait découvert, lors de la vérification finale, qu’une partie de la mise de fonds provenait d’une marge de crédit non déclarée. Le résultat fut une perte sèche du dépôt de 5 000 $, une note négative à son dossier de crédit et l’incapacité d’obtenir un prêt auprès d’une banque traditionnelle pendant plusieurs mois. Cette situation souligne l’importance de la transparence totale avec votre prêteur. Les règles sont claires, comme le stipule la SCHL dans ses directives : vous ne serez pas admissible à la couverture de la SCHL si vous empruntez de l’argent pour une mise de fonds.

Quand placer votre épargne dans un CELIAPP pour bonifier votre mise de fonds fiscalement ?

Le Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) est un outil fiscal puissant pour les futurs acheteurs au Québec. Il combine les avantages du REER (déduction fiscale sur les cotisations) et du CELI (retrait non imposable pour l’achat d’une maison). Pour maximiser son efficacité, le timing de vos cotisations est stratégique. La stratégie optimale consiste à cotiser en début d’année pour recevoir le remboursement d’impôt à temps pour l’ajouter à votre mise de fonds pour la saison immobilière du printemps ou de l’été.

Une cotisation de 8 000 $, le maximum annuel, peut générer un retour d’impôt substantiel. Pour un contribuable québécois avec un taux marginal d’imposition combiné (fédéral et provincial) de 50 %, ce retour peut atteindre jusqu’à 4 000 $ de retour d’impôt. Cet argent, reçu quelques mois après la cotisation, devient une bonification directe de votre mise de fonds, sans coût supplémentaire. C’est un moyen légal et efficace d’augmenter votre pouvoir d’achat grâce à un simple jeu de calendrier fiscal.

Voici un calendrier stratégique pour tirer le meilleur parti du CELIAPP :

  1. Janvier-Février : Effectuez votre cotisation maximale de 8 000 $ au CELIAPP le plus tôt possible dans l’année.
  2. Mars : Produisez votre déclaration de revenus dès que vous recevez tous vos feuillets fiscaux, en réclamant la déduction pour votre cotisation CELIAPP.
  3. Avril-Mai : Recevez votre remboursement d’impôt combiné du fédéral et du provincial.
  4. Juin-Juillet : Utilisez ce remboursement d’impôt pour augmenter directement le montant de votre mise de fonds disponible pour un achat estival.

Il est important de noter que, contrairement au Régime d’accession à la propriété (RAP), les fonds retirés d’un CELIAPP n’ont pas à être remboursés, ce qui allège la charge financière dans les années suivant l’achat. C’est une flexibilité majeure qui rend le CELIAPP particulièrement attractif pour les nouveaux épargnants.

Assurance SCHL ou conventionnel : quel financement choisir pour maximiser votre levier sur un 5 logements ?

Quand il s’agit d’un investissement multilogement, l’analyse “5 % vs 20 %” change de nature. La question n’est plus seulement d’éviter un coût, mais de maximiser le levier financier pour accélérer la croissance de son parc immobilier. Pour un immeuble de 5 logements et plus (considéré comme commercial), la mise de fonds minimale avec assurance SCHL est généralement de 15 %, tandis qu’un prêt conventionnel (sans assurance) exigera souvent 25 % ou plus. Payer la prime SCHL devient alors un choix stratégique pour conserver des liquidités et augmenter son pouvoir d’investissement.

Prenons un exemple concret pour illustrer la puissance du levier. Pour un 5-plex de 800 000 $ à Verdun, un financement conventionnel exigerait une mise de fonds de 200 000 $ (25 %). Avec l’option assurée par la SCHL, la mise de fonds requise tombe à 120 000 $ (15 %). La prime d’assurance serait d’environ 22 400 $, mais cette décision libère immédiatement 80 000 $ de capital (200k – 120k). Cette liquidité conservée n’est pas passive ; elle peut être réinvestie. Avec ces 80 000 $, l’investisseur peut fournir la mise de fonds de 20 % pour un second duplex de 400 000 $, par exemple.

Étude de cas : Le levier SCHL sur un 5-plex

Un investisseur achète un 5-plex de 800 000 $. Avec une mise de fonds de 15 % (120 000 $) via un prêt assuré SCHL, il conserve 80 000 $ par rapport à un prêt conventionnel. Il utilise ces 80 000 $ pour acheter un second plex. En quelques mois, il possède deux immeubles au lieu d’un. Sur une période de 10 ans, la stratégie SCHL lui permet de bénéficier de deux flux de revenus locatifs et de la plus-value potentielle sur deux propriétés. Ce gain en capital et en revenus cumulés compense très largement le coût initial de la prime d’assurance de 22 400 $, démontrant que payer la prime était la décision la plus rentable à long terme.

Vue d'un immeuble de 5 logements typique du Québec, symbolisant l'investissement immobilier

Cette approche transforme la prime SCHL d’une “dépense” en un “investissement” dans sa propre capacité d’expansion. De plus, les prêts assurés bénéficient souvent de taux d’intérêt plus bas et de conditions plus favorables (comme des amortissements plus longs), car le risque pour le prêteur est nul. Pour un investisseur visant la croissance, le calcul est clair : le coût de la prime est faible en comparaison du rendement généré par le capital libéré.

Quand transférer votre mise de fonds au notaire pour éviter les frais de virement d’urgence ?

Le jour de la signature chez le notaire est l’aboutissement de mois d’efforts, mais une mauvaise planification du transfert de fonds peut transformer ce moment en un stress coûteux. Les fonds pour la mise de fonds et les frais de clôture (taxe de bienvenue, ajustements, etc.) doivent être dans le compte en fidéicommis du notaire avant la signature. Attendre la dernière minute pour effectuer le transfert est une erreur courante qui peut entraîner des frais de virement d’urgence importants.

La plupart des institutions financières au Canada ont des délais et des limites pour les transferts électroniques de fonds. Un virement standard peut prendre de 24 à 72 heures pour être traité. Si vous initiez le transfert la veille ou le jour même de la signature, il est probable que les fonds n’arrivent pas à temps. Le notaire ne pourra pas conclure la transaction, la reportant et causant des désagréments à toutes les parties. Pour éviter ce scénario, la seule solution est souvent un virement d’urgence (ou “wire transfer”), qui est quasi instantané mais coûteux. Ces frais varient, mais il faut s’attendre à payer entre 50 $ et 150 $, une dépense entièrement évitable avec un peu d’organisation.

Pour un processus fluide, la communication avec l’étude du notaire est la clé. Voici une checklist de transfert de fonds spécifiquement pensée pour l’acheteur québécois :

Votre feuille de route pour un transfert de fonds sans stress

  1. J-10 : Confirmer le montant final. Contactez le notaire pour obtenir le montant exact et final requis, incluant tous les ajustements (taxes foncières, etc.).
  2. J-7 : Vérifier les limites de virement. Appelez votre banque pour connaître vos limites quotidiennes de virement et les délais de traitement.
  3. J-5 : Préparer le transfert. Préparez une traite bancaire (chèque certifié) à l’ordre du notaire “en fidéicommis” ou préparez les informations pour un virement électronique.
  4. J-3 : Effectuer le transfert. Initiez le virement au moins trois jours ouvrables avant la date de signature.
  5. J-2 : Confirmer la réception. Faites un suivi avec le bureau du notaire pour vous assurer qu’ils ont bien reçu les fonds dans leur compte.

En suivant ce calendrier, vous vous assurez que les fonds sont disponibles bien avant l’heure de la signature, garantissant une transaction sans accroc et sans frais inutiles.

À retenir

  • La décision entre 5% et 20% de mise de fonds est un arbitrage financier : le coût de la prime SCHL doit être comparé au rendement potentiel de vos liquidités conservées.
  • Le coût réel de la prime au Québec inclut la TVQ (payable chez le notaire) et les intérêts capitalisés sur la durée du prêt, un calcul essentiel à effectuer.
  • Pour l’investissement multilogement, payer la prime SCHL est une stratégie de levier puissante qui permet de conserver du capital pour accélérer la croissance de son parc immobilier.

Faut-il “RAPer” ses REER pour acheter sa première maison ou garder cet argent investi en bourse ?

Le Régime d’accession à la propriété (RAP) est un mécanisme qui permet aux premiers acheteurs de retirer jusqu’à 60 000 $ de leurs REER (120 000 $ pour un couple) sans impact fiscal immédiat, à condition de rembourser le montant sur 15 ans. La question se pose alors : est-il plus rentable d’utiliser ce capital pour la mise de fonds ou de le laisser fructifier en bourse ? La réponse dépend d’une comparaison entre l’enrichissement via l’immobilier et la croissance potentielle des placements.

Imaginons un scénario. En utilisant le RAP pour une mise de fonds de 35 000 $, un acheteur accède immédiatement à la propriété. Sur 15 ans, avec une appréciation immobilière modeste de 3 % par an, il accumule une équité significative (capital remboursé + plus-value). En contrepartie, il doit rembourser 2 333 $ par an à son REER. Si, à l’inverse, il laisse ces 35 000 $ investis en bourse avec un rendement annuel moyen de 7 %, le capital atteindrait environ 96 600 $ après 15 ans. Cependant, durant ces 15 années, il aurait payé un loyer sans accumuler aucune équité, une dépense qui peut facilement dépasser 270 000 $ sur la période. Dans la plupart des marchés immobiliers québécois, l’avantage net penche fortement en faveur du RAP, car l’accumulation d’équité immobilière surpasse la croissance boursière nette après déduction du coût du loyer.

La décision est aussi influencée par l’arrivée du CELIAPP. Le choix entre RAP et CELIAPP dépend de votre situation. Le RAP est idéal si vous avez déjà un REER bien garni, tandis que le CELIAPP est parfait pour ceux qui commencent à épargner pour une maison. Le tableau suivant compare les deux programmes sur des critères clés.

RAP vs CELIAPP : quel programme choisir?
Critère RAP CELIAPP
Montant maximal 60 000 $ (120 000 $/couple) 40 000 $ à vie
Remboursement Obligatoire sur 15 ans Aucun
Déduction fiscale Déjà obtenue lors de la cotisation REER Obtenue à l’année de cotisation
Flexibilité Une seule utilisation principale Reports de droits de cotisation possibles
Idéal pour Personnes avec des REER existants importants Nouveaux épargnants commençant leur projet

Pour prendre la meilleure décision patrimoniale, il est crucial de revoir en détail la comparaison entre l'utilisation du RAP et l'investissement boursier.

En fin de compte, la décision de verser 5 % ou 20 % est l’un des arbitrages financiers les plus importants de votre vie. Pour appliquer ces concepts à votre situation unique, la prochaine étape logique est de réaliser une simulation personnalisée avec un planificateur financier ou un courtier hypothécaire afin de quantifier précisément le coût d’opportunité de vos liquidités et de choisir la stratégie qui maximisera votre enrichissement à long terme.

Questions fréquentes sur la mise de fonds et l’assurance SCHL

Written by Nadia Belkacem, Courtière hypothécaire indépendante spécialisée en financement résidentiel et multi-logements. Experte en dossiers de crédit complexes, travailleurs autonomes et nouveaux arrivants.